Différence de texture, différence de nature?

Le gazon est le titre d'un des lieux communs de Serge Bouchard et de Bernard Arcan, anthropologues québécois. La pelouse est une marque du passage des Hommes, nous avons policé cette parcelle de nature verdoyante jusqu'à ne plus avoir un brin ni plus long ni plus vert que les autres. «En d'autres termes, le gigantesque effort de civilisation se résume à cet objectif unique: pouvoir déjeûner sur l'herbe sans crainte de vous y enfoncer, sans déchirer votre crinoline, sans même avoir à défendre la propriété de votre sandwich au pâté contre la convoitise d'un grizzly mal léché. L'être qui jadis chassait l'aurochs et l'éléphant n'a plus rien à combattre aujourd'hui, sinon les colonies de fourmis.» La guimauve pour sa part exprime aussi la même tension nature/culture. La petite fleur mauve n'est plus la première chose venant à l'esprit de plusieurs en disant «guimauve». C'est la pâte molle, blanche, sucrée et ouatée qui occupe soudainement tout notre esprit. Comme quoi, nous, les humains, sommes capables de beaucoup de choses!

lundi 4 décembre 2006

Regard particulier d'un instant


Vendredi dernier avait lieu le vernissage d'une amie: Julie Caissie. Julie est étudiante en arts visuels à l'Université de Moncton. Ses médiums favoris sont la photo et l'estampe; pour les bosoins de cette expo, elle a joint les deux médiums.

Son exploration des lignes offertes par notre environnement (les paysages naturels et ceux résultant de la construction humaine) est très intéressante. La juxtaposition d'images à laquelle a procédé J. Caissie semble être un exercice ludique ayant porté ses fruits. La technique n'est pas nouvelle, mais plutôt bien maîtrisée. De toutes façons, le débat nature/culture n'est pas d'hier et en intéresse plus d'un, et je me prend ici à témoin.

Le débat est loin d'être vidé et l'apport de Juli est vénérable; l'effet créé par la manipulation de photos par l'imprimerie (c'est ça l'estampe, hein Julie?) est efficace pour alimenter les tensions déjà existentes entre ses sujets: les poteaux de téléphone, les arbres, les transistors électriques, les gouttes de pluie, les lampadaires, les nuages, etc.

J'ai eu quelques images préférées et d'autres qui m'ont moins parlées mais dans l'ensemble j'ai été intrigué par le Regard particulier d'un instant de Julie Caissie.

En montre à l'Alliance française sur la rue St-Georges, à Moncton, jusqu'au 17 janvier 2007.